Si vous n'êtes pas prêt à ce qu'on vous partage une première fois, passez au texte suivant.
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Ma première fois n’aurait jamais dû se passer comme ça.
Ma première fois n’aurait jamais dû se passer comme ça.
C’était
la nuit du 25 au 26 janvier, j’avais quatorze ans et je sortais avec un jeune
homme de vingt ans. J’avais dit à mes parents qu’il en avait seize, parce qu’il
n’avait pas l’air de son âge, et parce que je ne voulais pas qu’ils m’empêchent
de l’aimer.
Nous
avions passé la soirée et une partie de la nuit avec ses cousins et ses
cousines, à la suite d’un repas de Noël avec toute sa famille. Nous fumions du
cannabis et buvions beaucoup d’alcool. Je me souviens même que sa cousine
m’avait regardé et avait dit « Criss, est-ce qu’elle a un fond? ».
Elle s’étonnait qu’avec tout ce que j’avais ingurgité durant la soirée, je sois
encore capable de tenir debout, et que je n’aie pas exprimé une seule fois
l’envie d’aller à la salle de bain. Je me sentais puissante, impressionnante et
sans limites. C’était grisant et agréable, pour une adolescente de quatorze
ans, de se sentir invincible.
Je
me rappelle que lorsque nous étions partis, ma tête tournait. Il était très
tard et nous avions abusé sur la consommation. Mais ça ne l’avait pas empêché
de prendre la voiture, gelé comme une balle, et de nous conduire jusque chez
lui.
Une
fois dans son lit, il m’avait murmuré quelque chose qu’il me murmurait depuis
plusieurs mois : « J’ai envie de toi ». Cette fois-ci, je ne lui
avais pas répondu d’attendre, je ne m’étais pas éloigné de lui. Cette fois-ci
je me sentais toute puissante et je lui avais répondu « moi aussi ».
Je
me souviens de l’étonnement sur son visage. « Tu es certaine? »
« Oui » « Vraiment certaine? » « Oui, non,
peut-être ». Pour moi, ça n’avait pas d’importance. Ce soir-là, j’étais
prête à défoncer les limites. J’avais quatorze ans et je n’avais plus peur de
ce mystère entourant la sexualité.
« Lorsque
tu vas le faire, fais-le avec quelqu’un qui t’aime et que tu aimes. Fais-le
avec quelqu’un de spécial, avec le bon. » C’est ce qu’on me répétait
depuis des années.
Je
ne savais pas qui était le bon, mais cette nuit-là, j’avais décidé que c’était
lui.
Je
n’ai pas eu mal, je n’ai pas saigné. Je ne sais pas si c’était parce que son
pénis était trop petit, ou si c’est parce que je portais des tampons depuis des
années, mais lorsqu’il est entré en moi, je n’ai pas senti grand-chose.
Je
me souviens de m’être dit « C’est juste ça? »
J’étais
désillusionnée, déçue. Moi qui avais passé la soirée à me sentir surpuissante,
exceptionnelle, je me sentais privée du moment où le prince charmant me ferait
hurler de plaisir. Ce qui n’est bien sûr pas arrivé. J’ai gémi, haleté, mais
c’était plus pour l’encourager que par réel plaisir. J’avais besoin de plus, de
beaucoup plus. Je voulais qu’il se soucie de moi, qu’il porte attention à mon
plaisir. Au lieu de quoi je me sentais comme un vide-sac. Ses mouvements de
bassin me faisaient plutôt penser à un chien qui tentait de copuler, et ça me
révulsait complètement. J’avais attendu qu’il termine, puis avait feint le
plaisir lorsqu’il s’était écroulé sur moi. Et bien que longtemps après je me
sois dit que j’étais chanceuse de l’avoir fait avec lui, parce que
contrairement à bien des filles, je n’avais pas eu mal, mais je restais frustrée.
J’aurais
voulu que ma première fois soit extraordinaire. Au lieu de quoi elle a été
extra ordinaire.
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