mardi 17 mars 2015

Première fois. Auto-fiction.



Si vous n'êtes pas prêt à ce qu'on vous partage une première fois, passez au texte suivant.
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Ma première fois n’aurait jamais dû se passer comme ça.

C’était la nuit du 25 au 26 janvier, j’avais quatorze ans et je sortais avec un jeune homme de vingt ans. J’avais dit à mes parents qu’il en avait seize, parce qu’il n’avait pas l’air de son âge, et parce que je ne voulais pas qu’ils m’empêchent de l’aimer.

Nous avions passé la soirée et une partie de la nuit avec ses cousins et ses cousines, à la suite d’un repas de Noël avec toute sa famille. Nous fumions du cannabis et buvions beaucoup d’alcool. Je me souviens même que sa cousine m’avait regardé et avait dit « Criss, est-ce qu’elle a un fond? ». Elle s’étonnait qu’avec tout ce que j’avais ingurgité durant la soirée, je sois encore capable de tenir debout, et que je n’aie pas exprimé une seule fois l’envie d’aller à la salle de bain. Je me sentais puissante, impressionnante et sans limites. C’était grisant et agréable, pour une adolescente de quatorze ans, de se sentir invincible.

Je me rappelle que lorsque nous étions partis, ma tête tournait. Il était très tard et nous avions abusé sur la consommation. Mais ça ne l’avait pas empêché de prendre la voiture, gelé comme une balle, et de nous conduire jusque chez lui.

Une fois dans son lit, il m’avait murmuré quelque chose qu’il me murmurait depuis plusieurs mois : « J’ai envie de toi ». Cette fois-ci, je ne lui avais pas répondu d’attendre, je ne m’étais pas éloigné de lui. Cette fois-ci je me sentais toute puissante et je lui avais répondu « moi aussi ».
Je me souviens de l’étonnement sur son visage. « Tu es certaine? » « Oui » « Vraiment certaine? » « Oui, non, peut-être ». Pour moi, ça n’avait pas d’importance. Ce soir-là, j’étais prête à défoncer les limites. J’avais quatorze ans et je n’avais plus peur de ce mystère entourant la sexualité.

« Lorsque tu vas le faire, fais-le avec quelqu’un qui t’aime et que tu aimes. Fais-le avec quelqu’un de spécial, avec le bon. » C’est ce qu’on me répétait depuis des années.

Je ne savais pas qui était le bon, mais cette nuit-là, j’avais décidé que c’était lui.

Je n’ai pas eu mal, je n’ai pas saigné. Je ne sais pas si c’était parce que son pénis était trop petit, ou si c’est parce que je portais des tampons depuis des années, mais lorsqu’il est entré en moi, je n’ai pas senti grand-chose.

Je me souviens de m’être dit « C’est juste ça? »

J’étais désillusionnée, déçue. Moi qui avais passé la soirée à me sentir surpuissante, exceptionnelle, je me sentais privée du moment où le prince charmant me ferait hurler de plaisir. Ce qui n’est bien sûr pas arrivé. J’ai gémi, haleté, mais c’était plus pour l’encourager que par réel plaisir. J’avais besoin de plus, de beaucoup plus. Je voulais qu’il se soucie de moi, qu’il porte attention à mon plaisir. Au lieu de quoi je me sentais comme un vide-sac. Ses mouvements de bassin me faisaient plutôt penser à un chien qui tentait de copuler, et ça me révulsait complètement. J’avais attendu qu’il termine, puis avait feint le plaisir lorsqu’il s’était écroulé sur moi. Et bien que longtemps après je me sois dit que j’étais chanceuse de l’avoir fait avec lui, parce que contrairement à bien des filles, je n’avais pas eu mal, mais je restais frustrée.
J’aurais voulu que ma première fois soit extraordinaire. Au lieu de quoi elle a été extra ordinaire.

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