lundi 8 juin 2015

L'aveugle

21:45
Il marche, sa canne cognant contre les parois inégales du trottoir, à la recherche de l'espace qui lui permettra d'avancer sans tomber.

Il rentre chez lui, après une journée chez son frère. Ce dernier lui avait proposé de le raccompagner mais il avait refusé, parce que malgré qu'il sache que ça aurait été plus sécuritaire, il avait sa fierté.

Il avait perdu la vue à 20 ans, à la suite d'un accident de la route particulièrement violent. Sa voiture avait été happée par un 18 roues, parce qu'il avait brulé un feu rouge. Les parties de son cerveau qui régissaient sa vue avaient été endommagées et depuis, il ne voit plus.

Sa canne ne frappe que du vide. Il avance. Il a appris pas coeur le chemin de chez lui à chez son frère. Il ne se perdra pas. Il le sait.

Tu, à la deux, à la trois, à la quatre.... ah pis fuck you. Pas toi, ni toi, ni même toi... juste "You".

Le savoir-plaire!

À ta job, tu te casses le cul pour que la clientèle soit contente. Tes boss t'adorent et t'adore tes boss.
Mais.. tu finis ta journée de job et tu te sens épuisé. Tu n'as qu'une envie, rentrer chez toi et t'enfermer dans ta bulle.
Tu sors du "magasin", tu t’assois dans ta voiture. Et là, tu éclates en sanglots.

Tu sais même pas pourquoi depuis une semaine, tout ce que tu as envie de faire, quand tu ne "fake" pas un sourire pour tes très chers clients, c'est pleurer.

Tu as envie de te perdre dans la lune, envie de crier avec les loups.
Tu voudrais faire l'amour, mais tu ne peux même pas.

Alors tu rêves de baises torrides, tu rêves de câlins pas chastes du tout.


Mais dans la journée, tu ne peux pas rêver à ça. Tu n'as même pas le temps de rêver... même pas durant ta pause de 15 minutes, puisqu'elle te sert de moment pour "pipi, souper et relaxation de tes pieds qui te font mal".

T'es heureuse, mais tu ne l'es même pas!

Tu te sens dégueulasse, déprimée. Mais tu continues de t'arranger et de faire ton plus beau sourire à ces clients qui te lâchent des phrases de cruise à deux sous. Parce que toi, contrairement aux autres filles, tu ne peux pas te sauver. Tu dois Savoir plaire!

Bref... again...

Tu reviens chez toi, tu as pleuré mais tu ne le montres pas. Tu souris à ceux qui t'entourent pour qu'ils ne remarquent pas que ça ne va pas. Parce que tu sais qu'ils passeraient des commentaires: "oui mais c'est juste pour l'été", ou encore "Oui mais là, fais toi en pas avec ça", ou encore "mais tu as l'air tellement heureuse à ta job..."

Bref... répétons.
"Je vais bien, je suis heureuse, c'est pour l'été, après ça je pars. Après ça je vais sans doute revoir mon chum plus souvent, je vais pouvoir faire l'amour...."

Bref, j'ai besoin d'être aimée et désirée, mais pas par mes clients aux jokes poches qui ne me font même pas rire pour vrai...

Bonne journée, riez pas pour vrai, mais riez!