mardi 17 mars 2015

L et moi. Fan fiction de Sunstone


J’appuie sur la sonnette, un doux carillon se fait entendre à travers les vitres pourtant fermées. Les papillons dans mon estomac valsent alors que je resserre mon foulard de la main, ce dernier cachant le collier de cuir récemment acheté.
Attendant qu’elle m’ouvre, le rouge me monte aux joues et les souvenirs de la dernière heure me reviennent.
***
Je sors de chez moi, mon manteau long sur le dos malgré la journée étouffante. Je porte une robe noire, en latex. C’est le seul vêtement, outre le collier de cuir, qu’elle m’ait autorisé à porter.
Dans l’autobus, on dirait que tous les regards convergent vers moi. Ils savent… Ou doivent se douter…
Je serre les cuisses et détourne le regard pour ne pas croiser les leurs. Il n’y a rien que je puisse faire pour empêcher le rougissement de mes joues. J’ai été assez stupide pour prendre le risque de m’habiller selon on ordre.
***
Je piétine alors qu’elle tarde à ouvrir, de la sueur coule le long de mon dos et j’aimerais bien me départir de mon manteau et de mon foulard le plus rapidement possible.
Impossible qu’elle vienne ouvrir, non. Il faut qu’elle s’amuse à m’humilier…
J’attends, plantée devant sa porte, quelques minutes avant qu’elle ne daigne venir m’ouvrir, un sourire ravi, mais moqueur, sur le visage.
Elle est à couper le souffle, un ensemble en cuir noir lui moule la peau. Tandis que mes yeux glissent sur ses courbes, elle s’approche de moi.
***
 [En ligne]
1 : 00 am
L : Salut. Es-tu toujours debout?
Moi : Oui, mais j’allais bientôt dormir. Pourquoi?
L : Ça fait un moment qu’on se parle, j’aimerais qu’on se rencontre.
Moi : Wow… Je ne m’attendais pas à ça ce soir.
Moi : … Tu as envie de faire ça quand?
L : Je ne sais pas. En fin de semaine prochaine, tu es libre?
Moi : D’accord
L : Super, bonne nuit J
***
Tu es bien plus belle que sur les photos… On se contemple, un sourire sur le visage. Ni l’une ni l’autre n’ose faire quoi que ce soit. Puis un rire incontrôlable nous prend et brise la glace. Plusieurs minutes s’écoulent avant que nous soyons capables de reprendre notre souffle et quand j’y arrive, c’est pour le perdre à nouveau sous ses lèvres.
***
Des jouets sexuels, fouets, menottes, plumes et cordes sont éparpillés un peu partout, mélangés à nos vêtements. La pièce est un véritable bordel et l’air qu’on y respire sent le sexe.
J’émerge tranquillement de la plus merveilleuse après-midi de ma vie, le corps douloureux, mais assouvi.
Une pensée fugitive vient assombrir ce moment. Je ne pourrai plus jamais me présenter devant ma famille de la même façon, pourvu que ça ne paraisse pas dans mon regard…
Je tourne la tête et la vois à mes côtés, somnolente. Je me colle contre elle. « Ça va rester entre nous, hein? Tu ne le diras pas à personne? » Elle fait non de la tête puis grogne pour que je me taise.
***
Dans l’autobus du retour, toujours emmitouflée sous mon gros manteau, je me sens étrangement détendue. Je n’ai plus envie de rougir, plus personne ne semble me regarder. Je touche le collier de cuir, caché sous mon foulard, et la sensation de chaleur qui en émane m’assure que je n’ai pas rêvé ce qui s’est passé.
J’espère que personne n’est arrivé à la maison…

Première fois. Auto-fiction.



Si vous n'êtes pas prêt à ce qu'on vous partage une première fois, passez au texte suivant.
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Ma première fois n’aurait jamais dû se passer comme ça.

C’était la nuit du 25 au 26 janvier, j’avais quatorze ans et je sortais avec un jeune homme de vingt ans. J’avais dit à mes parents qu’il en avait seize, parce qu’il n’avait pas l’air de son âge, et parce que je ne voulais pas qu’ils m’empêchent de l’aimer.

Nous avions passé la soirée et une partie de la nuit avec ses cousins et ses cousines, à la suite d’un repas de Noël avec toute sa famille. Nous fumions du cannabis et buvions beaucoup d’alcool. Je me souviens même que sa cousine m’avait regardé et avait dit « Criss, est-ce qu’elle a un fond? ». Elle s’étonnait qu’avec tout ce que j’avais ingurgité durant la soirée, je sois encore capable de tenir debout, et que je n’aie pas exprimé une seule fois l’envie d’aller à la salle de bain. Je me sentais puissante, impressionnante et sans limites. C’était grisant et agréable, pour une adolescente de quatorze ans, de se sentir invincible.

Je me rappelle que lorsque nous étions partis, ma tête tournait. Il était très tard et nous avions abusé sur la consommation. Mais ça ne l’avait pas empêché de prendre la voiture, gelé comme une balle, et de nous conduire jusque chez lui.

Une fois dans son lit, il m’avait murmuré quelque chose qu’il me murmurait depuis plusieurs mois : « J’ai envie de toi ». Cette fois-ci, je ne lui avais pas répondu d’attendre, je ne m’étais pas éloigné de lui. Cette fois-ci je me sentais toute puissante et je lui avais répondu « moi aussi ».
Je me souviens de l’étonnement sur son visage. « Tu es certaine? » « Oui » « Vraiment certaine? » « Oui, non, peut-être ». Pour moi, ça n’avait pas d’importance. Ce soir-là, j’étais prête à défoncer les limites. J’avais quatorze ans et je n’avais plus peur de ce mystère entourant la sexualité.

« Lorsque tu vas le faire, fais-le avec quelqu’un qui t’aime et que tu aimes. Fais-le avec quelqu’un de spécial, avec le bon. » C’est ce qu’on me répétait depuis des années.

Je ne savais pas qui était le bon, mais cette nuit-là, j’avais décidé que c’était lui.

Je n’ai pas eu mal, je n’ai pas saigné. Je ne sais pas si c’était parce que son pénis était trop petit, ou si c’est parce que je portais des tampons depuis des années, mais lorsqu’il est entré en moi, je n’ai pas senti grand-chose.

Je me souviens de m’être dit « C’est juste ça? »

J’étais désillusionnée, déçue. Moi qui avais passé la soirée à me sentir surpuissante, exceptionnelle, je me sentais privée du moment où le prince charmant me ferait hurler de plaisir. Ce qui n’est bien sûr pas arrivé. J’ai gémi, haleté, mais c’était plus pour l’encourager que par réel plaisir. J’avais besoin de plus, de beaucoup plus. Je voulais qu’il se soucie de moi, qu’il porte attention à mon plaisir. Au lieu de quoi je me sentais comme un vide-sac. Ses mouvements de bassin me faisaient plutôt penser à un chien qui tentait de copuler, et ça me révulsait complètement. J’avais attendu qu’il termine, puis avait feint le plaisir lorsqu’il s’était écroulé sur moi. Et bien que longtemps après je me sois dit que j’étais chanceuse de l’avoir fait avec lui, parce que contrairement à bien des filles, je n’avais pas eu mal, mais je restais frustrée.
J’aurais voulu que ma première fois soit extraordinaire. Au lieu de quoi elle a été extra ordinaire.

FPS ou, récit fictif et imaginé d'une fille qui n'a jamais subit de game-sexisme mais qui en a entendu beaucoup parler.



First person shooter
0%
J’insère le disque compact dans mon ordinateur et lance le téléchargement.
50%
La tête appuyée sur la main, j’observe depuis bientôt cinq minutes la barre de téléchargement. Celle-ci m’indique le nombre de pourcentage qu’il reste avant que je puisse jouer à Call of duty, un jeu que mon frère m’a donné pour mon anniversaire.
100%
Je presse, avec ma souris, le bouton « Start ». On me demande de d’abord créer un compte.
Nom d’utilisateur : Logarythme
Mot de passe : *******
Début du jeu
Le jeu m’indique ensuite que je dois choisir un personnage. J’ai le choix entre un grand brun barbu et plein de cicatrices, un autre homme aux allures militaires et à la coupe carrée, une blonde aux gros seins, un jeune asiatique, un sergent noir et une brunette plutôt normale. Je choisie cette dernière, n’ayant jamais été fan des stéréotypes présentés dans les jeux vidéos. J’ai ensuite le choix du style de jeu que je veux jouer : Mission solo, mission coopérative, PvP (Player versus Player). C’est vers la dernière option que je me tourne. Je me retrouve dans ce qu’on appelle une salle d’attente, dans le langage « gamer ». Mais il s’agit plutôt d’une liste que d’une salle, puisque la seule chose que nous voyons est nos noms et les noms des autres joueurs.
Début de la partie
Le jeu m’inclue dans la partie un peu avant que celle-ci ne débute. Les autres joueurs me demandent de participer à la conversation, en activant mon micro-casque, durant celle-ci. Je refuse, prétextant une grippe d’homme. Personne n’insiste et je peux jouer en paix.

On nous laisse disposer de soixante minutes pour tuer nos adversaires, temps généralement long pour un jeu comme celui-ci, mais nous sommes quatre-vingt sur une carte d’environ vingt kilomètres carrés. Nous avons toutes sortes de cachettes et nous pouvons utiliser des voitures, camions ou autre véhicules motorisés pour se rapprocher les uns des autres. Certains ont même accès à des hélicoptères.

Toujours est-il que, lorsque la partie débute, je vérifie les armes qu’on a aléatoirement placé dans mon inventaire – un poignard, un sniper et un handgun. Je suis un peu mécontente de ne pas avoir de mitraillette parmi mon équipement, mais je sélectionne mon sniper et me dirige vers un bâtiment qui me permet d’être en haute altitude tout en évitant de me faire repérer facilement. Mon choix se porte vers une petite tour à bureaux qui comporte une passerelle raccordée à un autre édifice vers lequel je peux me diriger en cas d’attaque surprise.

Je me glisse furtivement entre les portes défoncées de la tour et monte les marches jusqu’à trouver un endroit stratégique et me positionne, l’œil dans le viseur de mon fusil, à la recherche des joueurs ennemis. Non seulement je regarde au sol, mais également dans les autres bâtisses, guettant le moindre reflet du soleil sur une arme un peu trop luisante ou sur la lunette d’un viseur adverse.
Tout en jouant, j’apprécie l’effet réaliste qui permet de s’intégrer plus facilement dans le jeu, j’étouffe un soupir de satisfaction et me concentre pour ne pas me faire surprendre.

Dans mon casque d’écoute, une explosion se fait entendre, puis mon écran annonce que nous ne sommes plus que soixante-dix-neuf. J’esquisse un sourire en me disant « un de moins ». Je déteste les débuts de parties dans ce genre de jeu, j’ignore toujours où se cachent les autres joueurs et n’importe qui peut me surprendre et m’éliminer.

Une ombre en déplacement attire mon regard, je me concentre et pointe mon arme sur le joueur qui se croit en sécurité alors qu’il rampe entre les camions. Une grande inspiration, un son de détonation, puis un chiffre qui apparait dans l’écran, soixante-dix-huit. Ce joueur n’est que le premier de la longue liste de victimes qui s’ensuit. Alors que le nombre de joueurs sur la carte baisse drastiquement en peu de temps, le nombre de mes victimes, lui, augmente exponentiellement.

Dans mes oreilles, ça commence à sacrer et à injurier. On m’appelle par mon nom de gamer, Logarythme, histoire de montrer que c’est moi qu’on vise, et on m’accuse de tricher tout en me criant des insultes. Fronçant les sourcils, j’active mon micro pour répondre qu’ils peuvent aller jouer ailleurs s’ils prennent si mal de se faire tuer dans un jeu où le but est de se débarrasser les uns des autres. Un silence malaisé se fait entendre, ils ne s’étaient pas aperçu qu’ils jouaient avec une fille, sinon ils n’auraient jamais accepté que je rejoigne la partie. Les first person shooter, c’est une affaire d’homme selon eux et une fille devrait se trouver à la cuisine à faire un sandwich plutôt qu’être assise devant un écran à gamer. Je leur réponds que je ne suis pas d’accord, qu’il ne s’agit pas d’une affaire de sexe, mais d’une question de skills, et qu’ils se montrent plus incompétent qu’autre chose à m’insulter plutôt qu’à se concentrer sur leur jeu.

***
20:00
L’horloge en haut à droite de mon écran me dit qu’il ne reste sur vingt minutes de jeux, nous ne sommes plus que dix joueurs dont l’avatar est toujours en vie. Ils ont eu beau tenter de m’éliminer, ou même de m’intimider verbalement, je suis toujours de la partie. Ce n’est pas la première fois que je me fais agresser de la sorte par des joueurs masculins, mais comme j’aime trop jouer pour m’empêcher de le faire parce que ça ne fais pas plaisir à certains hommes. Je m’efforce donc, en général, de les ignorer. Ce qui fonctionne habituellement bien, jusqu’à ce qu’ils mettent à m’insulter, que je perde mon sang froid et que je leur réponde. S’ensuit en général une longue discussion sur le droit de la femme à jouer ou non à des jeux vidéos.

Être une femme et aimer jouer n’est pas toujours drôle, on a souvent à faire à des cas comme ceux-ci. Sans dire que j’ai fini par m’y habituer, j’ai tendance à ne plus réagir instantanément aux commentaires négatifs que les hommes profèrent lorsqu’ils découvrent qu’ils ne jouent pas qu’entre eux.

5 :00
Le nombre de joueurs encore présents dans l’ère de jeu, en quinze minutes, est passé de dix à trois. J’ai réussi à obtenir, entre-temps, un radar. Je peux voir leurs déplacements lorsqu’ils sont près de moi. Pour le moment je ne vois personne, ce qui veut dire qu’ils sont loin, je vais devoir me rapprocher d’eux.
Dans mes écouteurs, un sifflement se fait entendre, puis une explosion et mon écran devient noir. Une bombe. Ils m’ont lancé une foutue bombe. Fin de la partie pour moi. Nouvelle vague d’insultes « Retourne dans ta cuisine, t’es pas assez bonne pour gagner » « Ouais, va me faire un sandwich » « Vous êtes bonnes qu’à vous plaindre et à faire le ménage, un jeu de guerre c’est pas fait pour vous ». Ce n’est pas que ça me dérange, mais ça me dérange. Je rage quit et ferme mon ordinateur. Un vide profond se loge dans ma poitrine, je me dirige vers mon lit et en martèle les oreillers.
Pourquoi doivent-ils être aussi cons? Une fille, ça peut gamer.

Tu.

Tu t'assois, observe, attends.
Tu reste silencieuse, patiente.
Tu espère, rêvasse, en pleure.

Tu veux juste être comprise, tu ne veux pas trop donner d'information.
Parce que tu as peur qu'on dise "la vla qui braille encore" ou alors "la vla qui fait son attention whore"
Mais en dedans tu souffres, et tu ne sais pas quoi faire.

Alors tu t'assois, t'observe, t'attends.
Tu reste silencieuse, tu patiente.
Tu espère, tu rêvasse pis t'en pleure.

Parce que tu aimerais qu'on se rende compte que toi aussi tu souffre.
Que toi aussi tu aimerais qu'on laisse de côté nos activités, nos plans, pis qu'on vienne s'occuper de toi.
T'aimerais ne pas avoir à parler, qu'on se rende compte. T'aimerais ne pas devenir un fardeau pour les autres.

T'aimerais ne pas les épuiser.
Ne pas fatiguer ton chum, tes amis (es), ta famille.
T'aimerais juste qu'on voit que tes cernes, ils sont dans ta tête, et pas sur ton corps.

Parce que toi, t'a l'air d'une petite poupée.
D'une ado.

Parce que toi, à moins qu'on te voit pleurer, ça paraît pas que tu vas mal.

T'aimerais juste que ça s'arrête. T'aimerais pouvoir te contrôler. T'aimerais pouvoir être indépendante. T'aimerais pouvoir ne pas avoir des tendances dépressives. T'aimerais ne pas les avoir, ces idées noires.

Pis des fois tu aimerais juste pouvoir éteindre ton cerveau. Qu'on t'enferme pour qu'on s'occupe de toi comme une enfant.

Mais tu ne l'éteindras pas. Parce que tu as un BAC à finir. Parce que tu dois t'occuper des autres, à défaut qu'on s'occupe de toi. Parce que tu dois te montrer forte. Parce qu'au lieu de t'enfoncer toi-même la tête dans un mur, tu aides les autres à sortir de l'eau dans laquelle ils se noient. Parce qu'au lieu de te blesser, tu répares les blessures des autres.

Parce que même si t'es jalouse, tu fais tout pour te montrer ouverte, même si c'est pas toujours facile.
Parce que même si t'es possessive, tu le laisses aller parce qu'un humain n'est pas un objet.
Parce que même si tu as des tendances contrôlantes, tu n'arrives même pas à contrôler ta vie, alors tu essaie tant bien que mal de ne pas contrôler celle des autres.
Parce que même si tu préférerais te rouler en boule dans un coin pour brailler, tu prends une grande respiration et tu écoutes les autres brailler, tu les soulage de leur mal, et toi tu accumules le tien. Tu les écoute, tu les guide de ton mieux. On te dit de ne pas mettre toute ton énergie à aider les autres, parce qu'il faut que tu t'aides toi-même.

Mais tu continues néanmoins de te donner aux autres, tu continues de faire ce dont tu n'as pas envie. Pas parce que tu te déteste. Mais bien parce que si tu arrêtes, tu sens que tu vas craquer. Tu sens que si tu arrêtes de t'occuper des autres et que tu commences à t'occuper de toi-même, tu vas juste te briser comme une vague sur un rocher.

Tu n'as plus de défenses contre le monde extérieur. Tu fonces dans la vie parce que si la vie te fonce dedans et que tu tombes, tu doute forcement être capable de te relever.

Faque tu fonce, tu te donne aux autres, et tu t'oublies, afin de rester forte. Afin de ne pas tomber.